Le numérique en santé a bien avancé grâce à la stratégie des « petits pas rapides », selon un bilan présenté ce jeudi
Par Solveig Godeluck
La « start-up nation » leur doit une fière chandelle. Le système de santé aussi. Le directeur de clinique Dominique Pon et la haute-fonctionnaire Laura Letourneau sont pour l’un déjà parti, pour l’autre en partance de la délégation du numérique en santé (DNS) , qu’ils ont copilotée depuis sa création au sein du ministère de la Santé en 2019. Leur bilan a été présenté ce jeudi. Avec la stratégie des « petits pas rapides » dont ils se réclament, la e-santé s’est enfin mise en marche en France.
« On a collectivement réussi à faire en trois ans ce qu’on n’avait pas pu faire en vingt ans », se rengorge Laura Letourneau, forte de la reconnaissance obtenue auprès des partenaires européens pour le travail accompli. « On sait maintenant que la France va devenir un leader du numérique en santé », ajoute-t-elle.
65 millions de comptes activés
La petite équipe de la DNS s’est d’abord attachée à construire « l’Etat-plateforme », qui construit des identifiants uniques pour les assurés, les soignants, puis l’interopérabilité et la labellisation des logiciels des professionnels de santé.
En janvier, le carnet de santé numérique du patient, « Mon espace santé » , a été lancé. Ses initiateurs espèrent que 65 millions de comptes en ligne seront activés d’ici à la mi-juillet, grâce au choix de l’opt-out : qui ne dit mot consent à l’ouverture de son coffre-fort électronique personnel.
« La carotte et le bâton »
« Les taux d’opposition sont faibles, nous aurons donc une masse critique, qui va en retour inciter les médecins à alimenter le dossier numérique de leurs patients », prédit Laura Letourneau. Lors de la phase pilote, le nombre de documents transmis a ainsi crû de plus de 200 % par mois.
Depuis cette année, une partie de la rémunération à la qualité des établissements de santé dépend de leur capacité à alimenter l’espace patient. Pour les libéraux, ce sera à partir de l’année prochaine, via la rémunération sur objectifs de santé publique, qui risque de diminuer s’ils ne se plient pas à la nouvelle règle. « Il y a la carotte, mais aussi le bâton », résume Laura Letourneau.
Ordonnances électroniques
Avec ce nouvel espace, l’objectif est à terme de pouvoir faire de la prévention, par exemple en poussant des rappels de vaccination pour les enfants.
Dès la fin de l’année, les médecins pourront déposer automatiquement leurs ordonnances dans l’espace patient via leur logiciel professionnel. Un téléservice de e-prescription va permettre d’enregistrer automatiquement chaque prescription et la dispensation correspondante dans une base nationale accessible au pharmacien via un QR code.
D’ici à 2025, 350.000 professionnels de santé seront formés à l’usage des nouveaux outils, avec de nouveaux modules dans les cursus de formation dès la rentrée 2022.
Solveig Godeluck